A rien arrimés

Que la rime, c’est-à-dire
répétition d’un même son en fin de vers
(c’est-à-dire des lignes de longueur fixe
définie précisément par sa présence,
à la rime, c’est-à-dire plutôt tautologique,
comme définition), serve à mémoriser,

à rendre plus aisée la mémorisation
de longs poèmes ou de longs textes (car
traité de médecine aussi, livre d’histoire),
c’est que se plaisent à répéter les profs
et que je n’ai jamais compris.

L’écrit étant, plus pratique, devenu norme
et outil au point de nous faire oublier
ce qui aurait importé aux tenants
d’une culture orale se servant
de procédés mnémoniques pour fixer
et transmettre le savoir : s’en

souvenir, oui, mais surtout éviter,
à le répéter, de l’altérer, ainsi que tend
à l’opérer parole non structurée.
Les rimes, surtout si judicieusement
elles concernaient les mots-clés,
permettraient de communiquer une recette,
des indications topographiques,
un texte de loi, le discours d’un roi
sans s’égarer sur l’essentiel
et en se prêtant au contrôle
d’autres lettrés (c’est-à-dire, plutôt,
de gens rimés, de ceux possédant du savoir
les sons par paires organisées).

Plutôt que d’efforts mnémoniques
(qui à nous, lettrés de papier ou d’écran,
paraissent incommensurables et nous font
nous focaliser sur cet aspect “sportif”
de la mémorisation d’autrefois),
je crois que c’est de précision verbale,
scientifique qu’il s’agissait,
ou bien de contrôle social.

25/3/25